Le brame du cerf à Richmond Park (Londres)

Bonjour à tous,
Cette année, avec une amie, je suis allée photographier le brame du cerf à Richmond Park, dans la banlieue de Londres. Richmond Park est une ancienne réserve de chasse royale, devenue maintenant réserve naturelle. En surface Richmond park mesure 1000 hectares, et 300 cerfs, ainsi que 350 daims y vivent en autonomie complète notamment pour la nourriture.

Les raisons qui ont motivé ce choix tiennent à la difficulté de photographier le brame du Cerf en France :
– trop de monde pendant le brame, et comme j’habite assez loin (1heure tant que j’étais à Valence, 2 h maintenant depuis Annonay) je n’ai pas envie de faire la route pour rien : en 2014 il y a eu une fois où l’observatoire d’Ambel avait été transformé en crèche avec 4 bambins assis sur une couverture et qui piaillaient bruyamment, bien sûr pas un cerf n’a été vu ce jour là, alors que normalement l’observation est presque garantie . Je ne suis pas contre l’éveil à la nature des enfants, mais la moindre des choses est qu’ils soient en âge de comprendre et de faire silence !). Catherine a le même souci de surfréquentation du site de brame le plus proche des chez elle en Bretagne, d’autant plus qu’elle ne peut s’y rendre que les week-end.
– la pression exercée par les chasseurs est trop importante, les cerfs sont donc devenus trop nocturnes et trop farouches. Les puristes font des nuits entières d’affut pour obtenir 1 ou 2 photos. Pour obtenir des comportements et des ambiances lumineuses aussi variés que ceux que nous avons vu il faut des années et des années de suivi sur les mêmes lieux tellement les cerfs craignent l’humain quand ils sont chassés.
Bref aucune de nous deux n’habite à proximité immédiate d’une place de brame, et n’a suffisamment de temps pour aller affuter plusieurs nuits par semaine !

Pour commencer voici quelques photos de paysage pour que vous vous fassiez une idée sur le parc. Sur cette photo on voit que le parc est constitué d’une alternance de bosquets et de prairies, milieu idéal pour les cervidés. Le paysage visible est pourtant très large, mais il ne représente même pas un dixième du parc, tellement ce parc est immense ! Nous avons exploré la partie ouest, c’est celle qui comprend le plus de bosquets et de cervidés d’après les recherches faites sur internet, mais nous n’avons pas eu le temps de nous promener dans la partie est pour vérifier vu que nous avons trouvé notre bonheur dans la partie ouest !

Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) est le cerf présent en Europe. La période des amours a lieu entre le 15 septembre et le 15 octobre, pour une naissance des petits entre mai et juillet, lorsque la nourriture devient abondante. Pendant le rut, les mâles brament. Plus un mâle est fort et donc apte à reproduire aux yeux des femelles, plus il a la voix grave lorsqu’il brame et plus ses bois sont développés. Le brame permet au cerf à la fois d’attirer les biches en leur indiquant que c’est lui le plus fort. Il sert aussi à dissuader les autres cerfs de lui voler les biches de son harem.

Des harem de biches se constituent autour des cerfs les plus forts.

Quand elles ne sont pas encore en chaleurs, les biches ruminent souvent tranquillement camouflées dans les herbes hautes. Les déplacements du cerf et de son harem permettent néanmoins de tirer de beaux portrait des biches!

Le cerf défend ardemment son harem contre les intrusions des autres mâles : sur les photos on voit que le cerf est complètement gouverné par les hormones. Pour la petite histoire on a failli se faire charger par ce cerf : on était pourtant assez loin au départ (au moins 100m), mais le petit jeunot sur la photo qui est venu l’embêter en se disant « on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher » n’a rien trouvé de plus brillant que de fuir en passant juste à côté de nous!!! Le cerf s’est arrêté à moins 5 m de nous et nous a regardé avec les mêmes yeux exorbités! Heureusement par précaution on était restées à côté d’un gros arbre et on s’est camouflées derrière le temps que le cerf nous oublie et retourne chez ses biches! Donc si vous décidez d’y aller, faites attention de ne jamais vous retrouver entre 2 cerfs ou entre un cerf et ses biches, et restez au maximum protégés par les arbres!

Les cerfs frottent souvent leurs bois au sol pendant le brame

 

Même si les conditions n’étaient pas très bonnes, le dernier jour nous avons assisté à un combat entre 2 cerfs : ils étaient dans la forêt, derrière des branches et trop près ! Les combats sont assez rares. Normalement le brame et une course poursuite de dissuasion suffisent à éloigner les jeunes cerfs. Lorsque deux cerfs sont à peu près de la même force, si la force et la gravité du brame ne suffit pas à les départager, ils trottent côte à côte en se jaugeant. S’ils n’arrivent toujours pas à départager le plus fort, ils se battent bois contre bois, jusqu’à ce que l’un d’eux cède. Nous avons également assisté à des joutes d’entrainement moins virulentes entre jeunes mâles.

Pendant le brame, les cerf vont aussi prendre des bains de boue dans une « souille » : ils se vautrent dans la boue, frottent leurs cornes dans la boue ou sur du bois mort, et en ressortent tout cracra et puants malgré un essorage à la sortie!

Les biches ne sont en chaleurs que quelques heures. Le cerf les flaire toutes assez régulièrement pour ne pas rater le coche, et celles qui sont en chaleurs se rapprochent de lui. A certains endroits les cerfs sont parait il assez violents avec les biches, ce qui n’a pas l’air d’être le cas à Richmond Park : nous avons même observé un câlin entre une biche et son cerf après un accouplement!

 

Après avoir bramé toute la nuit et une bonne partie de la matinée, beaucoup de cerfs se reposent un peu.

Richmond Park est un parc urbain assez fréquenté, et même de plus en plus fréquenté au moment du brame. Il est préférable d’éviter les week-end car la fréquentation est très importante. Même en semaine, les promeneurs sont très nombreux, mais les cerfs n’y prêtent pas attention tant qu’ils marchent ou roulent à vélo sans s’arrêter. Ils marquent un temps d’observation envers les personnes qui s’arrêtent pour les observer (y compris les photographes), mais si ces personnes ne bougent pas et ne s’approchent pas trop, ils retournent vite à leurs occupations.Dans quelques cas nous avons été gênés par la présence d’autres photographes en face de nous. On aurait presque aimé qu’un certain hispanique en pull bleu et possédant un 500mm mais exempt de toute connaissance du comportement animal se fasse charger, mais le cerf a été conciliant et ne l’a que menacé. A certains endroits du parc, la proximité et la bonne cohabitation entre les cerfs et les promeneurs est même hallucinante, je ne pense pas qu’un tel parc puisse exister en France, au moindre accrochage les cerfs auraient été éliminés depuis longtemps ou le parc fermé au public !

 

Et pour finir, voici quelques belles ambiances !

 

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  1. André Jean- Claude

    Merci Estelle,
    Superbe reportage !!